AG 2017 : lutter contre le harcèlement
L’équipe de Frantsesenia a suivi une formation de 2 jours avec la DDEC en octobre 2016 pour comprendre le harcèlement et savoir le gérer. Elle a souhaité témoigner et en faire le thème de la soirée-débat de cette AG.
Selon les intervenants, Elizabeth DRIOLLET et Jérôme GAILLARD, de la DDEC 64 (Direction Diocésaine de l’Enseignement Catholique 64), le harcèlement scolaire existe depuis toujours, mais on en parle que depuis peu de temps. Le changement a eu lieu en 2013-2015 avec l’instauration du plan national « Non au Harcèlement » et un site internet dédié à la DDEC.
Mme DRIOLLET a d’abord rappelé la loi et la définition du harcèlement : « Il y a harcèlement scolaire lorsqu’un élève a des propos ou comportements répétés vis-à-vis d’un autre élève ayant pour but ou pour effet une dégradation de ses conditions de vie. Ils se traduisent par une altération de la santé physique ou mentale de la victime ». Cette définition ne laisse plus d’ambiguïté sur certains gestes ou postures qu’on peut observer dans la cour de l’école…
Et elle ajoute : « Le harcèlement à l’école est puni par la loi. Les faits sont punis même s’ils n’ont pas été commis dans les bâtiments de l’école, du collège ou du lycée. En cas de condamnation, les parents des auteurs mineurs peuvent être amenés à indemniser les parents d’une victime.»
Pour lancer le débat, Elizabeth DRIOLLET projette une vidéo de témoignages de jeunes qui ont été harcelés à l’école : comment cela commence ? par qui ? les formes de harcèlement ?
Les statistiques sont impressionnantes : 10 % des jeunes se disent harcelés à l’école soit 760.000 jeunes en France.
Et ce sont nos adolescents qui sont les plus sensibles car ils vivent une période charnière, où ils ne sont plus des enfants mais pas encore des adultes ; ils se cherchent. Ils se tourne vers « leur » communauté : des amis « réels » et des réseaux sociaux. Les filles sont deux fois plus victimes de harcèlement que les garçons (rumeurs ou insultes sur apparence physique).
Le harcèlement prend des formes très variées : moral (paroles, insultes), physiques (coups), matériel (trousse), alimentaire (cantine), sexuel (photos).
Une nouvelle forme est apparue depuis la généralisation des réseaux sociaux : le cyber-harcèlement. 40 % des élèves déclarent avoir déjà subi une agression en ligne, via les réseaux sociaux. Jérôme Gaillard, spécialiste des nouvelles technologies, affirme que « le cyber-harcèlement est très violent car il est instantané et immédiat, massif et incontrôlable, indélébile et non modifiable ».
Un parent dans la salle demande comment repérer le harcèlement. Pour M. Gaillard, « les signes d’alerte sont multiples : baisse des résultats scolaires, vêtements perdus ou abîmés, retards répétés, absentéisme, changement de transport, évitement du sport (vestiaires) et de la cantine, maux de tête ou de ventre… et 22 % des jeunes n’en parlent à personne. Ils ont peur des représailles et si on se plaint, cela aggrave les choses, vaut mieux ne rien dire ! »
Et un autre de dire : « Mais où sont les adultes ? Les parents, les éducateurs ? ». Elizabeth Driollet explique que l’affectif et l’émotionnel nous éloignent de la vérité. Les parents sont souvent les derniers avertis. Un module spécial leur est dédié sur le site de la DDEC64 : comment savoir si mon enfant est harcelé ? comment en parler avec lui ? comment le sensibiliser ?
Il faut aussi parler du harceleur : « c’est aussi une personne en souffrance ! » affirme M. Gaillard. « Il fait souvent partie du groupe car 85 % des cas de harcèlement ont lieu dans le cadre d’un groupe ». Dans la salle, une enseignante de collège témoigne de la difficile réaction des parents qui apprennent que leur enfant est « harceleur ».
En guise d’exemple, Cécile Crouspeyre, directrice de Frantsesenia, a présenté le dispositif mis en place cette année : le PPBE ou Plan pour la Promotion du Bien-Être, pour donner sa place à chaque jeune du lycée.
Le PPBE s’étale sur les 3 années de présence des élèves avec 3 domaines d’intervention : le jeune et la loi, le harcèlement et le bien-être.
Elle explique que « pour repérer au plus vite les cas de harcèlements, des jeunes volontaires ont été formés pour devenir « ambassadeurs », avec un rôle de veille et d’aide aux harcelés ». Un protocole a été élaboré par l’équipe pour savoir réagir au mieux et au plus vite face à un soupçon ou un cas avéré. Et Mme Crouspeyre de témoigner : « Sa pertinence s’est déjà révélée cet hiver avec un cas de harcèlement à l’internat. Nous avons solutionné le problème, des 2 côtés du harcèlement. Avant, nous n’aurions pas réagi de la même façon… »